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S. Mayeul
11 mai
Saint Mayeul, quatrième abbé de Cluny, le premier à être reconnu comme saint, figure emblématique de l’église clunisienne affranchie de la tutelle des laïcs et des évêques. Il est le libérateur de la Provence grâce à la guerre menée en son nom contre les Sarrasins. Portrait naïf du reliquaire de saint Mayeul
Abbatiale de Souvigny (Allier) Saint Mayeul (906-994) quatrième abbé de Cluny. 2352 Saint Mayeul naquit à Valensole en Provence, vers l’an 906, Serge III étant Pape, Léon VI empereur de Byzance et Charles III roi de France. Sa famille, qui était noble et riche, avait fait des donations considérables au monastère de Cluny qui se fondait. Il était encore jeune lorsqu’il perdit son père et sa mère. Voyant sa patrie exposée aux ravages des Sarrasins, il se retira à Mâcon, chez un seigneur de ses parents. Bernon, évêque de cette ville, lui donna la tonsure, et le fit chanoine de sa cathédrale, afin de le fixer dans son diocèse. Quelque temps après, le jeune saint Mayeul se rendit à Lyon pour y étudier la philosophie sous le célèbre Antoine, abbé de l’Île-Barbe. Les progrès qu’il fit dans cette science lui attirèrent l’admiration de tous ceux qui le connaissaient. Mais l’étude n’absorbait pas tout son temps ; il en donnait une partie considérable aux exercices de piété. De retour à Mâcon, il s’y appliqua avec ardeur à la théologie ; l’Évêque, frappé de son mérite, lui conféra, malgré sa jeunesse, la dignité d’archidiacre. L’archevêché de Besançon étant venu à vaquer, le prince, le clergé et le peuple s’accordèrent à élire saint Mayeul pour le remplir ; mais il refusa d’acquiescer à son élection ; il prit même la fuite, et se retira à Cluny, où il fit profession vers l’an 942. L’abbé Aimard, qui découvrait en lui les plus heureuses qualités, l’établit bibliothécaire et apocrisiaire de la maison. Le premier de ces emplois lui donnait l’intendance des études ; il était chargé par le second de la garde du trésor de l’église, et du soin des plus importantes affaires de la communauté. Aimard voulant, à l’exemple de ses prédécesseurs, se donner un successeur de son vivant, fit déclarer saint Mayeul abbé en sa place. Ceci arriva en 948, et Aimard vécut encore jusqu’en 965. Quoique le Saint ne gouvernât d’abord que comme coadjuteur, il ne laissa pas de faire connaître sa vertu et sa capacité. Il s’acquit l’estime et le respect de tous les princes de son siècle. L’empereur Othon le Grand avait en lui une confiance entière, et lui donna une inspection générale sur tous les monastères de ses états. Saint Mayeul n’eut pas moins de crédit auprès de l’impératrice Adélaïde et de son fils Othon II, et il vint à bout de ménager entre eux une sincère réconciliation. Ils voulaient l’un et l’autre l’élever sur la chaire de Saint-Pierre ; mais ils ne purent triompher de sa résistance. Lorsqu’on le pressait de se rendre, il fit cette belle réponse : « Je n’ai pas les qualités requises pour une si haute dignité ; d’ailleurs, nous sommes, les Romains et moi, autant éloignés de mœurs que de pays ». CAPTURE PAR LES SARRASINS ET LIBÉRATION DE LA PROVENCE En juillet 972, sa capture dans les Alpes et plus précisément dans les environs d’Orsières par les Sarrasins de Fraxinetum, entraîne une mobilisation générale de l’aristocratie provençale autour du comte Guillaume Ier de Provence. De nombreux objets de culte et d’orfèvrerie du trésor de Cluny furent fondus pour payer sa rançon. Dès sa libération, le comte Guillaume de Provence organise « au nom de Mayeul » une guerre de libération contre les Sarrasins, qu’il chasse de Provence après la bataille de Tourtour (973). En 993, ce même prince, se sentant mourir le fait appeler à Avignon pour soulager son âme et donner ou restituer à l’abbaye de Cluny plusieurs domaines. Comme Saint Mayeul était fort savant, il s’intéressait beaucoup à l’avancement des sciences utiles. De là ce zèle avec lequel il encourageait les talents, et cette attention à faire fleurir les bonnes études. L’ABBAYE DE SOUVIGNY Tombeau de saint Mayeul quatrième abbé de Cluny et de saint Odilon son successeur. Abbaye de Souvigny près de Moulins dans l'Allier. L'une des grandes filles de Cluny. 2353 En 991, il voulut s’assurer d’une personne propre à lui succéder, et il choisit pour coadjuteur saint Odilon, le plus illustre de ses disciples. Depuis ce temps-là, il ne s’occupa plus que des exercices de la pénitence et de la contemplation. Il fut cependant obligé, à la prière de Hugues Capet, roi de France, d’entreprendre un voyage à l’abbaye de Saint-Denis, près de Paris, pour y mettre la réforme ; mais il tomba malade en route, et mourut le 11 mai 994, dans le monastère de Souvigny, à deux lieues de Moulins : il y fut enterré dans l’église de Saint-Pierre, Jean XV étant Pape, Othon III empereur germanique, Basile II empereur de Byzance et Hugues Capet roi de France. Le roi Hugues Capet honora ses funérailles de sa présence, et fit de riches présents à son tombeau, sur lequel on éleva bientôt un autel. C’était la manière de canoniser dans ce temps-là. Saint Mayeul est le premier abbé de Cluny reconnu comme saint, figure emblématique de l’église clunisienne affranchie de la tutelle des laïcs et des évêques. Saint Mayeul est nommé en ce jour (11 mai) dans le Martyrologe romain. Syrus, moine de Cluny, écrivit la vie de saint Mayeul, et la dédia à saint Odilon. Mabillon l’a publiée telle qu’elle était sortie de la plume de son auteur. L’ABBAYE DE SOUVIGNY FRAPPE MONNAIE
Denier d’argent frappé par l’Abbaye de Souvigny 1180-1213 (Collection particulière) Avers du denier avec le portrait de saint Mayeul coiffé de la mitre et tenant sa crosse abbatiale. SCS (sanctus) MAIOLVS : saint Mayeul. 2354 En 916, le sire de Bourbon fit la donation de Souvigny à l’abbaye de Cluny qui s’arrogea le droit de battre monnaie, droit qu’elle n’avait pas, et se le fit confirmer en 1058 par le pape Étienne IX (1057-1058). Le monnayage débute vers 1080 et est mentionné dans les actes à partir de 1095. Diamètre : 1,9 mm, épaisseur : 0,2 mm Poids : 0,82 g Revers du denier. + SILVINIACO : Souvigny. 2355
Le monnayage se divise en 8 périodes : 1) 1080-1213, monnayage anonyme ; 2) 1213-1216, monnayage entre Guy de Dampierre et le prieur Hugues ; 3) 1216-1243, monnayage des prieurs seuls ; 4) 1243-1249, monnayage associé de Bourbon et de Souvigny ; 5) 1249-1262, retour au monnayage de Souvigny seul ; 6) 1262-1268, monnayage de Souvigny, Jean de Bourgogne et Agnès ; 7) 1268-1272, monnayage de Souvigny seul ; 8) depuis 1272, nouveau pariage entre Souvigny et les sires de Bourbon. Souvigny est encore signalé dans l’ordonnance de 1315. Philippe V le Long racheta la monnaie à son cousin Louis de Clermont en 1321. |
Samedi 5 octobre 2024
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