Rébellion d’évêques de Grenoble : un Ordre religieux demandé par N.-D.
UN DOCUMENT FONDAMENTAL :


Un entretien entre Mélanie de La Salette et Mère Saint-Jean (à Corps le 22 janvier 1885)

sur les événements de Rome en 1879

« Pour servir à l’Histoire réelle de LA SALETTE, Documents II »,
p. 9, Nouvelles Éditions Latines, Paris - 1965

Ce document est très important car il rend compte :


1° —de la façon dont le Pape (Léon XIII) entend assurer le développement de ce que Notre-Dame a demandé à La Salette à Mélanie (désignation d’un Congrès présidé par un Cardinal, qui approuve la Règle et l’Ordre religieux voulus par la Sainte Vierge) ;

2° —de la manière dont Mgr Fava, évêque de Grenoble, s’oppose à l’Apparition et au Pape lui-même à propos de la Règle religieuse d’un nouvel Ordre voulu par la Sainte Vierge ;

3° —de l’humilité (et pas de publicité à son avantage), des connaissances canoniques et de l’obéissance de Mélanie au Pape qui lui donne mission ;

4° —de l’ignorance dans laquelle se trouvent les religieuses de La Salette, concernant la demande de Notre-Dame, à cause des évêques de Grenoble ;

5° —de l’échec relatif de La Salette à cause de toutes ces oppositions, mais de la confiance de Mélanie en Notre-Dame : « Son œuvre se fera ».

TEXTE AUTHENTIQUE DE LA MÈRE SAINT-JEAN
« Diex el volt ! » Bulletin-revue de l’Alliance catholique commerciale, industrielle et agricole française (de 1901 à 1912)

Auteur-Directeur : Comte A. de Postis du Houlbec

[Date imprécise, année 1901 ou après]

Monsieur le Comte,

Que Jésus soit aimé de tous les cœurs !

Permettez-moi de venir vous remercier de votre honorée du 10 courant ainsi que des deux numéros de janvier et de février que vous avez bien voulu m’adresser.

J’ai été très étonnée de la publication de ces notes sur un entretien que j’eus en effet avec Mélanie, le 22 janvier 1885 et que j’avais tenues secrètes.

Mais puisque Dieu a permis qu’elles vous parviennent, Monsieur le Comte, et que vous avez bien voulu leur donner une place dans votre vaillante revue Diex el volt, puissent-elles faire un peu de bien et éclairer cette œuvre si méconnue à laquelle j’ai voué ma vie.

Tout ce que vous avez écrit et publié est JUSTE ET VRAI.

Veuillez agréer, etc.

Sœur Saint-Jean.

2048

(Les titres suivants et leurs numéros sont de nous)


I - MÈRE SAINT-JEAN NE CHERCHE QUE LA VÉRITÉ


Après les premiers préambules sur son éloignement de nous, les paroles qu’on nous avait rapportées, dites par elle sur nous, etc., voulant arriver droit au but, je lui dis :

« Bref à tout le reste ! Permettez-moi de vous demander de me dire tout ce que vous croyez être la vérité que seule je cherche. Je vous avoue qu’en voyant à notre pourtant si chère Salette tant de contradictions, de mystères, de choses embrouillées, tant de personnes, même des Prêtres et des Évêques qui n’y croient pas, quelquefois le doute traverse mon esprit. »

1re Réponse de Mélanie. — J’affirme encore tout ce que j’ai dit de l’Apparition, puisque tout est vrai et j’y crois ; et l’Apparition de la Sainte Vierge triomphera malgré la malice des hommes et des démons.

2e Demande. — Eh bien, admettons le fait de La Salette lui-même, c’est-à-dire le premier récit que vous avez fait vous-même, que Maximin a fait aussi et que l’autorité ecclésiastique a reconnu. Mais la Sainte Vierge veut-elle quelque chose de plus ? A-t-Elle dit quelque autre chose de plus ? Par exemple, veut-Elle des Religieux et Religieuses de La Salette ?

2e Réponse de Mélanie. — Oui, pour moi, l’Apparition se divise en deux parties :

1° le fait de l’Apparition, la circonstance de ce fait, c’est-à-dire ce qui s’adresse à tout le monde, ce qu’il faut faire passer à tout son peuple ; et

2° ce qui n’est pas pour tous, c’est-à-dire le Secret et les œuvres de La Salette. Et j’y crois comme au fait lui-même, parce que moi, je crois à toutes les paroles de la Sainte Vierge.


II - LE SECRET FAIT PARTIE DES PAROLES DE LA SAINTE VIERGE


3e Demande. — Permettez-moi de vous dire que j’ai entendu des personnes, les plus autorisées à en juger et les mieux intentionnées, dire ceci : “Je crois le premier récit que Mélanie a fait avec Maximin, mais ce qu’elle a dit et écrit depuis, et en plus de ce qu’elle avait dit, au commencement, pour le récit, j’en doute.”


3e Réponse de Mélanie. — Dites plutôt qu’on n’y croit pas. Ceci concerne mon Secret. Et on n’y croit pas, parce qu’on ne veut pas y croire, non plus qu’à ce que demande et veut la Sainte Vierge ; parce qu’on ne veut pas admettre la vérité et que l’on veut conduire humainement les œuvres qui la concernent, les faire à leur manière et à leurs vues, plutôt que de céder à ce que veut la Sainte Vierge. Mais c’est ce qu’Elle n’approuve pas et ne bénira jamais.


III - LE SECRET ET LE RESTE N’ONT PAS ÉTÉ INVENTÉS APRÈS COUP

« Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, mais seulement de vous le dire »

Le Pape veut que la Règle de N.-D. soit au moins d’abord essayée

Et toujours le « petit nombre »


4e Demande. — Pardonnez à ma franchise ; on n’y met pas tant de mauvaise volonté ; mais voilà ce que j’ai ouï dire : “Je crois du Secret de Mélanie ce qu’elle a déposé à l’Évêché et qui a été remis au Pape ; mais il n’y en avait pas si long ; mais ce qu’elle a dit en plus, depuis, ainsi que ce qui concerne les Religieux et Religieuses de La Salette et la Règle qu’elle avait reçue, je n’y crois pas parce qu’elle n’en avait pas parlé aussitôt ; que cela n’était pas écrit sur le Secret donné au Pape, et que la Sainte Vierge ne lui avait pas donné tous ces détails et dit tout cela ; que c’est du sien.”


4e Réponse de Mélanie. — D’abord, je ne suis pas chargée de vous le faire croire, mais seulement de vous le dire ; et la Sainte Vierge saura bien Elle-Même le faire connaître et faire son œuvre. Ensuite qu’on me prouve qu’il n’était pas dans le Secret envoyé au Pape. Je prouverai, au contraire, que la Sainte Vierge croit et juge autrement (1). D’ailleurs, il (le Pape) n’approuvera jamais aucune autre Règle pour la Salette, quelle qu’elle soit, avant que celle qu’a donnée la Sainte Vierge ait été mise en pratique ou du moins essayée, et il a réservé d’y donner les développements et la suite qu’il sera nécessaire. Mais avant, il ne reconnaîtra nulle autre pour véritable. Et pour moi, je vous prouverai que j’ai toujours dit de même (2). Ainsi, quand les premières soi-disant Religieuses de La Salette sont montées au Pèlerinage, quelques années seulement après l’Apparition (c’est, je crois, celles de Saint-Dizier, dont il est parlé dans L’Écho de Mlle Brûlais) elles étaient six, je crois ; je me trouvais à Corps quand elles y sont passées ; elles ont voulu me voir ; j’y suis allée, mais je leur ai dit : "Montez si vous voulez, vous n’y resterez pas. Ce n’est pas vous que la Sainte Vierge veut. Vous ne serez pas les Religieuses de Notre-Dame de La Salette, et vous redescendrez. C’est ce qui est arrivé (3). Ensuite, il en dut passer d’autres, puis la Providence. À deux d’entre elles qui y sont passées Sœur Thérèse de Jésus et Sœur Saint-Célestin, je leur ai dit : Vous n’y resterez pas. Ensuite vous autres, je crois, êtes montées ; on m’a demandé ce que j’en pensais ; j’ai dit : Laissez faire, elles rempliront l’espace et les Religieuses de La Salette viendront quand l’heure sera sonnée et l’épreuve passée (4).

Au reste, je ne puis rien vous dire de plus de vous ; car je sais qu’il y en aura quelques-unes parmi vous [Mère Saint-Jean sera de celles-là], comme parmi les Pères de La Salette. Il y en aura peu, puisque c’est le petit nombre. Quel est-il ? je ne sais, mais ce sera le petit nombre qui sera vraiment appelé.

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Les notes sont dans l’édition des N.E.L.

(1) Mélanie l’a affirmé à plusieurs autres personnes.

(2) La suite le prouvera.

(3) Sœur Célestin me l’a dit, et sœur Valérie était présente.

(4) Mélanie écrivait à la Mère Gertrude, qui lui demandait en 1870, de la nouvelle fondation des Religieuses de N.-D. de La Salette : "Laissez faire ; elles traverseront l’espace ; elles attendront mais les Religieuses de La Salette ne doivent s’établir et se répandre qu’après la bourrasque".


IV - RECOURS À L’AUTORITÉ


5e Demande. — Mais alors, comment n’êtes-vous pas allée à l’Autorité ; car enfin, tant que les autres, nous n’y pouvons rien. Je suis une des premières de nous, montée à La Salette, et je vous assure que mes intentions étaient bien droites, que nous voulions le bien, et croyions bien vraiment être les Religieuses de La Salette, puisque nous y sommes de par l’ordre de l’Autorité, qui nous représente Dieu, et nous lui avons toujours été soumises ; nous ne pouvions donc nous tromper.


5e Réponse de Mélanie. — Aussi, je ne condamne personne individuellement. Dieu seul est juge de chacun des cœurs et des intentions. Mais je dis que si vous avez cru être les Religieuses de La Salette on vous a fait faire naufrage dans votre vocation. Mais je ne vous donne pas la responsabilité des faits en dehors de votre connaissance.

Pour ce qui est de moi, vous me dites que j’aurais dû aller à l’Autorité. C’est aussi ce que j’ai fait quand le moment a été venu.

Elle a continué : Je ne vous dis rien de trop, et en voici la preuve : J’étais à Grenoble ; une famille honorable y passait pour venir au Pèlerinage. En passant, cette famille est allée rendre visite à Monseigneur, auquel elle a demandé des nouvelles de Mélanie. Ce prélat lui a dit qu’elle était devenue folle. Sur ces paroles, ils se sont mis en route pour Corps. Ils ont pris la voiture publique où je me trouvais justement, venant aussi à Corps, et nous avons fait route ensemble tout au long ; mais je ne me suis pas fait connaître. En chemin, ils se sont mis à m’entretenir de ce que leur avait dit Monseigneur et ils m’ont dit : "Mais savez-vous que cette pauvre Mélanie est devenue folle ?" —Je répondis : "Ce n’est peut-être pas bien vrai, cela." — "C’est très vrai, reprirent-ils, c’est Monseigneur Ginouilhac qui vient de nous le dire et nous y étions tous." Je me tus. Arrivés à Corps, où ils dirent la même chose, on leur a dit : "Vous avez fait le voyage avec la Bergère de l’Apparition, vous avez bien dû le voir." Ils ne savaient plus que croire……… Qui aurait dit alors à Mgr Ginouilhac que si peu de temps après, son esprit s’obscurcirait, et qu’il mourrait fou lui-même ? Et qui sait s’il n’a pas été puni ? Il a paru devant son Juge. Puisse-t-Il lui avoir fait miséricorde ?

Au reste, quelques-uns des Pères de La Salette ne sont pas éloignés de dire de même. J’ai même une lettre écrite par l’un d’eux, et signée, adressée à une dame qui, ensuite, me l’a fait parvenir, qui en est une preuve.

Mgr Ginouilhac me fit donc partir pour l’Italie. Et vous savez comment de là j’ai pu faire parvenir à Rome les désirs de la Sainte Vierge, comment on les a accueillis, les décisions du Congrès et la résistance qu’on apporte à ces décisions depuis 1879 ; résistance qui nous prive des bénédictions du Ciel et qui aide à attirer les châtiments et les fléaux qui nous affligent.


V - MÉLANIE CONVOQUÉE À ROME POUR LA RÈGLE et Mgr FAVA (Évêque de Grenoble) CACHE LES DÉCISIONS DU PAPE


6e Demande. — Expliquez-vous, je vous prie, car je ne connais pas le premier mot de tout ce que vous me dites. Je ne sache pas que nous ayons fait de résistance.

Mélanie. — Cela n’est pas possible. Vous devez le savoir et les Pères aussi.

J’ai repris. — Pour nous évidemment, nous ne savons rien. Je ne sais ce que vous voulez dire. Et bien mieux, j’ai habité ces dernières années, presque complètement avec la Mère Saint-Joseph, notre fondatrice qui, cet été, désirait beaucoup vous voir, je suis sûre quelle ne sait rien ; car je la connais assez pour savoir qu’elle ne m’en aurait fait secret.

6e Réponse de Mélanie. — Comment ! Monseigneur ne vous aurait pas fait part des décisions du Saint Père ? Oh ! il faut qu’il la tienne bien scellée dans ses armoires, cette Règle ! Quand le Saint Père va savoir cela, ajouté à toutes les plaintes du Diocèse, il va être bien peiné.

C’était donc en fin de novembre 1878, quand Mgr Fava, accompagné d’un Père de La Salette était allé à Rome demander le couronnement et le titre de Basilique pour le Sanctuaire, en même temps que faire approuver la Règle faite par ou pour les Pères de N.-D. de La Salette. Quand il eurent fait leur demande et présenté leur Règle, on m’écrivit aussitôt de me rendre à Rome, ce que je fis.

Le Saint Père me dit de voir cette Règle et de lui dire si je croyais que ce fût ce que la Sainte Vierge voulait. Je répondis que ce n’était pas ce que la Sainte Vierge demandait. Alors, il nomma un Congrès pour décider sur La Salette et sur toutes ces questions.

Le Saint Père ne pouvant, comme vous le savez, sortir du Vatican, nomma pour le remplacer, Mgr Ferrari [erreur orthographique : il s’agit en fait du Cardinal Ferrieri].

Mgr Fava fut admis [il s’imposa] pour partager la discussion ; mais le Père de La Salette ne put entrer comme il le désirait et fut arrêté à la porte. J’y fus admise, et, comme toujours, un Secrétaire écrivit tout.

L’ensemble du Congrès fut favorable à l’Apparition et à la Règle, et décida qu’il y aurait lieu qu’elle fût donnée aux Religieux et Religieuses de La Salette et mise à l’essai.

C’est alors que Mgr Fava, irrité de cette décision, se souleva, refusa de l’accepter et dit : "Quand l’Église me prouvera que cela est venu du Ciel je l’accepterai, mais pas avant." (Cela, c’est-à-dire l’Apparition et la Règle) : ce qui fit croire que Mgr Fava, qui jusque-là avait été l’élu de Dieu, ne croyait pas à l’Apparition. On en fut indigné.


VI - LÉON XIII CROIT À LA SALETTE

CONDESCENDANCE DU PAPE À L’ÉGARD DE Mgr FAVA


7e Demande. — Le Pape, lui, croit-il à l’Apparition ?

7e Réponse de Mélanie. — Lui, il y croit ; il me l’a affirmé plusieurs fois. Et Mgr Ferrieri y croit, et beaucoup de Cardinaux ; et ce Congrès en est une preuve.

Tout cela fut rapporté au Pape. Mgr Ferrieri dit en parlant de Mgr Fava : "C’est un révolté ; jamais Évêque n’a parlé ainsi. Et il voulait en finir aussitôt." Et le Saint Père répondit : "Peut-être, N’EST-IL QU’UN OBSTINÉ ; IL EST VRAI QU’IL DEMANDE UNE CHOSE IMPOSSIBLE ; CAR JAMAIS L’ÉGLISE N’A FAIT NI NE PEUT FAIRE UN DÉCRET POUR DÉCLARER UNE APPARITION. ON ME DEMANDERAIT CELA, MÊME POUR LORETTE, EN QUI J’AI TANT DE FOI, QUE JE NE POURRAIS L’ACCORDER. LES APPARITIONS ET LES MIRACLES NE SONT PAS DU DOMAINE DE LA FOI ET ON NE PEUT LES IMPOSER."

Deux jours après, le Saint Père me fit appeler…

Enfin, il fut décidé que le Congrès, malgré l’opposition, conserverait toute sa valeur et qu’on maintiendrait ses décisions.

"Peut-être, dit le Saint Père, le temps et la réflexion pourront adoucir les esprits. Au moins, pour qu’on ne puisse pas dire que Nous manquons de tolérance, et, parce que, QUOIQUE HORS DE LA SOUMISSION ET DE L’OBÉISSANCE, ils ne sont pas hors de la Foi, qu’il n’y a aucune erreur, Nous allons user de la plus large indulgence et accorder tout ce que Nous pourrons, SANS TOUCHER, TOUTEFOIS, AUX DÉCISIONS DU CONGRÈS et sans reconnaître aucune Règle pour La Salette."

C’est alors qu’il accorde à l’Évêque le Couronnement et le titre de Basilique Mineure pour le Sanctuaire et qu’il remet la Règle, le priant de la présenter à ses Communautés. C’est pour cela que je croyais que vous en aviez connaissance.

Puis, après avoir fait enlever de la Règle des Pères tout ce qui concernait La Salette, et qui aurait pu les faire prendre pour les vrais Religieux de La Salette, il leur accordait un Bref laudatif c’est-à-dire une parole de louange (5).

J’ai repris. — Je crois que c’était le commencement de l’approbation de Rome à une Règle. Aussi, à la nouvelle de ce Bref ; on a fait chanter un Te Deum ; et je n’ai vu rien de plus.

Mélanie me répondit. — Eh bien ! un Bref laudatif n’est rien en lui-même et ne constitue pas un Ordre, ni même une Congrégation approuvée par Rome. Il n’est donné que quand on ne peut pas donner un Bref véritable et signifie alors que cette Règle ne peut être approuvée réellement ; mais comme l’indique son nom, c’est une parole de louange qui veut dire que cela peut être toléré, puisque c’est bien et qu’il n’y a rien de contraire à la Foi catholique et aux mœurs ; que tout peut être pratiqué. Voilà ce que signifie un Bref Laudatif.

Encore les Pères n’ont-ils pu l’obtenir qu’en retranchant de leur Règle tout ce qui était proprement de La Salette, pour ne donner aucune atteinte aux décisions du Congrès.

__________

(5) Le Bref en question que les Annales de La Salette ont publié comme une approbation complète, spécifiait pourtant que la Congrégation Romaine RENVOYAIT À PLUS TARD L’APPROBATION DE LA RÈGLE ET DES CONSTITUTIONS.


VII - COMMENT ON INTERPRÈTE DE FAÇON OPPOSÉE LES DÉCISIONS DE ROME

LES RÈGLES VIENNENT DU CIEL DIT LE PAPE


8e Demande. — J’avais su qu’on avait retranché de la Règle des Pères, à peu près tout ce qui parlait de La Salette, et que même Monseigneur n’avait pu obtenir que sa Confrérie du Crucifix prît le nom de Notre-Dame de La Salette ; mais je le considérais comme une preuve de non croyance de Rome à l’Apparition de La Salette et cela me donnait des doutes.

8e Réponse de Mélanie. — Bien loin de là, c’est une preuve de non-adhésion à leurs œuvres humaines et rien de plus. Car les vrais Religieux et Religieuses de La Salette seront, je crois, facilement approuvés à Rome.

Peiné de ces résistances, le Saint Père, dont on ne peut mettre en doute la charité et la tolérance, l’ampleur et la largeur dans les idées, conseille alors fortement aux Pères les Missions étrangères dont on lui parlait, pour ouvrir une voie large et bonne à ceux qui voudraient être les Religieux de La Salette. Ce fut même en faveur de cette Mission, qu’ils obtinrent leur Bref Laudatif. Mais tout cela n’est que de la charité et de la tolérance, et ne touche en rien aux décisions du Congrès que le Saint Père veut et approuve. Il dit même qu’il s’étonne de tant d’opposition pour accepter une Règle venue du Ciel, puisque l’histoire prouve que la Règle de presque tous les Ordres Religieux a été reçue du Ciel ; l’homme même le plus prudent et le plus éclairé n’ayant pas lui-même assez de sagesse pour discerner ce bien véritable ; et que toujours le Ciel, par un moyen ou par un autre, fait connaître ses volontés et inspire les Règles des divers Ordres. Il ne peut donc, comme vous le voyez, y arriver rien du mien, l’Église étant là pour en décider et en juger.


VIII - LÉON XIII ENVOIE MÉLANIE EN MISSION… À LA SALETTE


9e Demande. — Vous connaissez sans doute la nouvelle œuvre et fondation de Mgr Fava ? S’il en est ainsi, pourquoi le Saint Père l’a-t-il autorisée ? Qu’en pensez-vous ?

9e Réponse de Mélanie. — Mgr Fava, prenant, je crois, cette tolérance du Pape pour un assentiment à ses vues, s’imagina de former une œuvre nouvelle par un amalgame de tout sans rien de défini. Mais ceci n’est qu’un masque à sa non Soumission et œuvre des hommes, qui ne produira aucun bien, qui n’aura pas d’issue, ni de bonne fin.

Au reste, s’il interprète la charité et la tolérance pour sa volonté et son assentiment, il se trompe fort ; car, à Rome, on a l’œil ouvert sur lui et ses œuvres. On connaît tout, et il ne sera pas approuvé.

Car encore cet été, en m’envoyant ici, le Saint-Père m’a dit : "ALLEZ ET TÂCHEZ DE FAIRE EXÉCUTER LES ORDRES DE LA SAINTE VIERGE".

— Je lui ai répondu : "J’IRAI, PUISQUE VOUS LE VOULEZ ; MAIS ILS NE M’ÉCOUTERONT PAS."

— Il m’a répondu : "CE SERA TANT PIS POUR EUX. NOS DÉCISIONS NE CHANGERONT PAS. — MAIS CE SERA UN AVERTISSEMENT DE PLUS DONT ILS AURONT À RENDRE COMPTE."


IX - Mgr FAVA RÉAGIT MAL

LE SECRÉTAIRE DU CONGRÈS SE LAISSE INFLUENCER

ATTENDONS L’HEURE DE LA SAINTE VIERGE


10e Demande. — Comment pouvons-nous être coupables de ne pas vous avoir écoutée, puisque vous nous avez fui et même pas parlé ? Et comment le Saint Père autorise-t-il Monseigneur à commencer toutes ses œuvres, s’il ne les approuve pas, et comment lui a-t-il accordé encore, pour lui aider, Mgr Jourdan ?

10e Réponse de Mélanie. — Le Saint-Père, je crois, agit toujours dans ce même esprit de condescendance. Quoique peiné de la conduite de Mgr Fava, de le voir tant se répandre au dehors, pour négliger ses devoirs à l’intérieur, entreprendre des œuvres à son choix et de refuser celles que le Ciel lui demande, etc. Tout cela, on le sait à Rome, et malgré tout, le Pape essaie de le gagner par la voix de la douceur et de la charité. S’il pouvait être ramené par Mgr Jourdan, par un ami véritable, le Saint Père s’en réjouirait ; et, comme le bon Pasteur, il espère que le non-succès de ses œuvres, qui étant faites en dehors de l’obéissance ne produisent aucun bien, ni au dedans, ni au dehors, il espère, dis-je, que tout cela le ramènera. — "Et au moins, ajoute-t-il, si après l’avoir bien averti, aimé et accordé tout ce qui est en mon [Notre] pouvoir, s’il ne revient pas, il n’aura pas à se plaindre d’être châtié". C’est donc dans la condescendance et la charité du Pape qu’il faut voir, et non son adhésion… S’il tolère, il n’approuve pas. Du reste, je ne crois pas qu’il le ramène, les d… [émons ?!] obscurcissent son esprit… Il tolère mal trois prêtres refusés… concurrence.

Il en sera puni par la Stérilité de ses œuvres, par le peu de fruit qu’elles feront et par les scandales qui se produisent et se produiront dans son Diocèse.

Déjà, il [toujours Mgr Fava] s’est récrié contre quelques Prêtres réunis près de nous à Castellamare, pour commencer, disant que c’était son droit, que c’était une concurrence… On lui a cédé, en désapprouvant…

Cet été, trois sont venus lui demander la permission de vivre et de s’établir conformément à ce que voulait la Sainte Vierge. Il leur a refusé en les renvoyant aux P.P. [ses religieux de La Salette], ou à son œuvre...

Pour les Pères et vous autres (quoique je sois bien aise d’avoir avec vous cette explication, qui me prouve que vous ne saviez pas tout, comme je l’aurais cru), vous ne pouvez pas tout à fait l’ignorer, car je l’ai dit à tous ceux qui me l’ont demandé et qui ont voulu l’entendre.

Quant aux Pères, ils ont dû tout savoir, sûrement ; ils ont reçu copie de la Règle de Rome, etc.

Il faut pourtant ajouter, dit encore Mélanie, que les Pères sont peut-être plus excusables au sujet de la Règle qu’ils ont reçue de Rome ; car nous avons appris que le Secrétaire chargé par le Congrès de leur adresser copie de la Règle, et gagné d’un autre côté par les insinuations malveillantes, des ennuis venant des opposants, y a ajouté de lui-même quelques lignes bienveillantes sans doute, qui ont pu porter un contre-sens et faire mal interpréter les décisions du Congrès. C’est ce qui a été une grande excuse aux Pères, quand on l’a su à Rome.

C’est donc avec justice que je vous dis que vous avez fait naufrage dans votre vocation ; que vous n’avez plus la bénédiction du Ciel ; que vous en êtes et en serez châtiés, tant que durera cette résistance, vous autres, par la stérilité.

Vous n’avez pas, ou peu de sujets ; et ils ne feront pas ou peu de bien. Voyez quels fruits vous produisez, au dedans et au dehors.

Vous avez quelques Sœurs dans la montagne qui agissent dans leurs emplois par principe d’intérêt au lieu de charité, et cet intérêt déplaît à la Sainte Vierge ; et cet intérêt servira à élever des enfants sans vocation, qui, au moment de la crise, feront le mal et tourneront contre les Pères. Ils agissent par des raisons humaines et seront payés par là.

Dieu les laissera à leurs pensées ; et ce sera humainement qu’ils jugeront plusieurs vocations qui feront de mauvais Prêtres.

On connaît un arbre à ses fruits… Quel bien fait-il ?

Comment répond-on aux désirs, aux recommandations de la Sainte Vierge ? Les Annales destinées à répandre et à universaliser ces enseignements ? Qu’y dit-on ? Poisons en famille…

Vous en serez punis au Pèlerinage, où les Pèlerins, étant toujours en diminuant, il y en a encore moins que l’année passée. Et ainsi jusqu’à la Crise… La Salette sera pour ainsi dire morte, ensevelie… Vous le verrez.

Quand on la croira éteinte, écroulée, elle reparaîtra et revivra, parce que les paroles de la Sainte Vierge ne sont pas vaines, et qu’Elle est assez puissante pour la ressusciter…

Quand vous verrez tout cela, vous ne douterez pas. Mais gardez la confiance. Pour moi, je la verrais morte et enterrée, que je ne douterais pas. MARIE EST PUISSANTE. Les hommes et les démons ne peuvent rien contre Elle. Elle triomphera. On peut résister à l’appel de la grâce, à son appel, mais Elle peut transporter sa grande lumière et la montrer à d’autres.

Attendons son aide et à son heure. Ainsi soit-il.


X - QUE LES PÈRES SUIVENT LA VRAIE RÈGLE

ATTENDONS L’HEURE DU CIEL


11e Demande. — En résumé, qu’y a-t-il à faire ? Que pouvons-nous ?

11e Réponse de Mélanie. — Je ne puis rien vous dire de plus ; je m’en vais rendre compte de ma mission et de toutes choses [Mélanie mourra en 1904].

Le Saint-Père désire que, puisqu’il y a des Religieux et des Religieuses de La Salette, fondés par l’autorisation et l’approbation de l’Autorité, que ce soit à eux, à cause de cela, de commencer, et d’être véritablement le nom qu’ils portent et "on ne leur ôtera la lumière, dit-il, que quand ils l’auront formellement refusée."

Voilà pourquoi je désirerais que tous et toutes, vous sachiez ce que je vous dis aujourd’hui.

Mais comme le Saint-Père veut que ce soit avec les Religieux qui commencent, et que ce soit eux qui, après, forment et donnent l’esprit de La Salette aux Religieuses.

Vous voyez donc, que ce n’est pas, comme on a voulu le dire, que je veuille fonder une Communauté, la diriger, donner des Règles… Je ne veux que remplir ma mission qui, je le sais, sera bientôt finie. Je ne veux que dire ce que la Sainte Vierge m’a chargée de dire. Puis les Religieux, et il y a déjà des Prêtres, des âmes de bonne volonté, prêts à accomplir les désirs du Ciel, et ce sera ensuite eux qui formeront les Sœurs.

Attendre dans la prière et la confiance l’heure du Ciel.


XI - NOUS NE POUVONS PAS NOUS TROMPER…

NOTRE ÉVÊQUE EST LE REPRÉSENTANT DU PAPE, DE DIEU


12e Demande. — Pratiquement, en effet, nous ne pouvons rien car enfin, nous sommes chrétiennes, aussi bien, et avant d’être religieuses.

Comme chrétiennes, notre Évêque est pour nous le représentant du Pape, de Dieu, et, pendant qu’il est en union avec la Sainte Vierge, nous ne pouvons dire qu’il est dans le faux ; et, comme religieuses, non plus. Donc, il a reçu et nous avons fait des vœux sous la Règle qui nous régit. Vous voyez que pour condamner cela, même pour qu’il y ait du changement, il faut que tout vienne de plus haut. Nous n’avons pas le droit de le faire. Donc, je suppose encore que nos Supérieurs se trompent, nous ne pouvons nous tromper.

12e Réponse de Mélanie. — C’est juste ; c’est très juste ; et c’est à cause de cela que vous avez la préférence ; et qu’elle ne vous sera retirée que si vous la repoussez.


XII - MÉLANIE S’EN REMET À L’ÉGLISE, COMME D’HABITUDE


13e Demande. — Connaissant la droiture de Mère Saint-Joseph, de nos Sœurs, je crois que si l’Autorité légitime autorisait et ordonnait ce changement, à peu près toutes accepteraient. J’en dirai autant pour les Pères ; car enfin, après tout, nous ne cherchons que le bien, et ne voulons que La Salette.

13e Réponse de Mélanie. — Oh ! pour cela, non ; tous n’accepteront pas. Car je sais qu’il n’y aura que le petit nombre. L’orgueil, l’entêtement entraînent les autres. Pour les Pères, qui croyez-vous qui renonce à ses idées ? Le Père Giraud, parce que c’est une âme humble, et que quand il a vu qu’il pouvait se tromper, il a préféré se retirer de tout que de continuer. Donc lui, si, (6) à moins que… peut-être quelques autres ; peu. Et pour votre Communauté, il y en aura bien peu aussi. Les autres se disperseront. En attendant, vos troubles d’intérieur continueront, malgré tous les efforts humains qu’on fera pour les dissiper ; car ils sont une preuve des volontés du Ciel et que vous n’êtes pas ce qu’il faut être.

Je ne puis rien vous dire de plus ; ma mission n’est que de dire la vérité, et à présent, d’aller rendre compte de tout.

À l’Église de se prononcer et d’agir.

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(6) Le Père Giraud est mort un mois après cet entretien.


XIII - MÉLANIE SANS ILLUSION SUR L’AVENIR IMMÉDIAT

MAIS L’ŒUVRE DE NOTRE-DAME SE FERA


14e Demande. — Mais enfin, que pensez-vous qu’il en résultera ?

14e Réponse de Mélanie. — Je pense d’abord que le Saint-Père avertira encore une fois l’Évêque, car il a dit : "Jusqu’à trois fois" ; et qu’on vous le fera encore refuser formellement, pour éviter toutes rigueurs et toutes plaintes à vos Communautés. Puis on parle de deux choses : un changement d’Évêque ; on établira l’œuvre ailleurs. L’esprit de La Salette peut se transporter. Et quand la crise sera passée, que l’heure sera venue, la Sainte Vierge saura bien ressusciter La Salette… faire son œuvre. Mais vous allez voir ce qui va arriver… malgré tout, ne doutez pas... Les paroles de la Sainte Vierge ne sont pas stériles comme celles des hommes… Son œuvre se fera…


Samedi 21 décembre 2024
S. Thomas,

Apôtre
2e classe

Temps de l’Avent

Mémoire de Samedi des Quatre-Temps de l’Avent




Oraison - collecte
Faites-nous la grâce, nous Vous en prions, Seigneur, de célébrer avec joie la solennité de Votre bienheureux Apôtre Thomas, afin qu’étant toujours soutenus par sa protection, nous soyons, avec l’ardeur qui convient, les disciples de la Foi qu’il a prêchée. Par Jésus-Christ Votre Fils, Notre Seigneur, qui vit et règne avec Vous dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


Mémoire du Samedi des Quatre-Temps de l’Avent :


Ô Dieu, qui nous voyez affligés par notre déchéance, venez nous consoler en descendant parmi nous. Ô Vous qui vivez et régnez avec Dieu le Père dans l’unité du Saint-Esprit, Dieu dans tous les siècles des siècles.

Ainsi soit-il

Vie du Saint du jour
Dans la Messe de saint Thomas, la Liturgie nous rappelle que les Apôtres sont le fondement de l’Église dont le Christ est la pierre d’angle ; c’est pour ce motif que leurs fêtes autrefois étaient gardées à l’instar du Dimanche.


L’Évangile nous rapporte la scène si célèbre qui eut lieu au Cénacle après la Résurrection du Sauveur. Saint Thomas doutait ; et ce n’est que lorsque Jésus lui fit mettre le doigt dans Ses plaies que, passant soudain de l’incrédulité à la Foi ardente, il s’écria :

« Mon Seigneur et mon Dieu ». Ce doigt, nous dit un Père de l’Église, est devenu le maître du monde parce qu’il lui a appris la vérité de la chair de Jésus-Christ.


Croyons donc au grand mystère d’un Verbe incarné qui bientôt Se manifestera au monde. Le nom de saint Thomas figure au Canon de la Messe.


L’élévation, ayant été établie pour combattre l’hérésie de Bérenger qui niait la Présence réelle, regardons en esprit de Foi les saintes Espèces lorsqu’on les élève et disons avec saint Thomas :

« Mon Seigneur et mon Dieu », pratique enrichie par saint Pie X d’une indulgence de 7 ans et 7 quarantaines et d’une indulgence plénière une fois par semaine aux conditions ordinaires.


Cette double élévation nous rappelle la séparation réelle du Corps et du Sang de Notre-Seigneur sur la croix.


 voir la grande vie du Saint


Résolution pratique du jour
Estimez-vous heureux de croire, et agissez vaillamment selon votre Foi.

Méditation du jour
Prouver la vérité de la Foi  suite

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