Ce qui contrarie le plus tristement
le développement de la grâce en nous,
c’est qu’à peine arrivés
aux pieds du bon Maître,
nous Lui parlons de suite de nous,
de nos péchés,
de notre pauvreté spirituelle,
de nos défauts,
c’est-à-dire que nous nous fatiguons l’esprit
par la vue de nos misères,
nous attristons notre cœur
sous la pensée de notre ingratitude
et de notre infidélité.
Ne faisons donc plus ainsi.
Commençons toutes nos adorations
par un acte d’amour,
et nous ouvrirons
délicieusement notre âme
à l’action divine.
C’est parce que nous commençons
par nous-mêmes
que nous nous arrêtons en chemin.
Ne nous examinons pas nous-mêmes,
mais suivons en Jésus
le travail de Son amour sur nous.
Contemplons la beauté
de Ses vertus,
la Lumière
de Son amour,
plutôt que Ses ardeurs :
en nous le feu de l’amour passe vite,
mais sa vérité demeure.
Le vrai amour
ne regarde pas ce qu’il donne,
mais ce que mérite le bien-aimé.
Alors Jésus,
content de nous,
nous parlera de nous-mêmes,
Il nous dira Son amour pour nous,
et notre cœur s’ouvrira
aux rayons de ce soleil comme
la fleur humide et refroidie par la nuit,
aux rayons de l’astre du jour.
(Saint Pierre-Julien Eymard.)