La vue des tombeaux
ne contribue pas médiocrement à développer en nous la sagesse.
À ce spectacle,
l’âme,
si elle somnolait,
tressaille aussitôt ;
si elle était éveillée et active,
son activité s’en accroît ;
celui qui pleure d’être pauvre
reçoit de cette vue une soudaine consolation ;
celui qui s’enorgueillit d’être riche
est humilié,
abaissé.
La vue des tombeaux
oblige chacun de nous à réfléchir,
quand bien même il ne le voudrait pas,
sur sa propre fin ;
elle nous persuade de ne tenir pour stable
aucune des choses de ce monde,
fâcheuse
ou agréable ;
or, quiconque a cette persuasion,
ne se laissera pas prendre facilement
dans les filets du péché.
C’est pourquoi un sage donne ce conseil :
« Dans tous vos discours,
« pensez à vos derniers instants,
« et jamais vous ne pécherez » ;
et, d’accord avec lui, un autre énonce ce précepte :
« Disposez vos œuvres pour le départ
« et préparez-vous au voyage. »
Ce n’est pas d’un voyage perceptible aux sens qu’il veut parler,
mais du départ d’ici-bas.
Si,
constamment,
quotidiennement,
nous avons présente à l’esprit
l’incertitude de la mort,
nous ne serons pas prompts à pécher ;
ni les splendeurs de la vie ne pourront nous gonfler d’orgueil,
ni ses tristesses nous abattre
ou nous troubler,
les unes et les autres ayant un terme incertain.
Souvent
celui qui est vivant aujourd’hui
ne subsiste pas même jusqu’au soir.
(Saint Jean Chrysostôme)