Voici cette année qui va s’abîmer dans le gouffre
où toutes les autres se sont jusqu’à présent anéanties.
Oh ! que l’Éternité est incomparablement plus aimable,
puisque sa durée est sans fin,
que ses jours sont sans nuit
et que ses satisfactions sont invariables.
Ô Dieu, elles passent donc ces années temporelles ;
elles courent imperceptiblement
les unes après les autres ;
en dévidant leur durée,
elles dévident notre vie mortelle,
et, en finissant,
elles finissent aussi nos jours.
Disons-le souvent :
tout passe.
Donc, il ne nous importe guère
que nous ayons ici-bas des peines
ou des joies,
pourvu qu’à tout jamais
nous soyons bienheureux,
et qu’après le peu de jours qui nous restent
de cette vie mortelle,
vienne la sainte Éternité,
puisque Dieu ne la promet
qu’à ceux qui auront bien usé de Son temps.
Mais, ô mon Dieu,
pour quoi vivrons-nous l’année suivante,
si ce n’est pour mieux aimer cette Bonté souveraine ?
Oh ! qu’Elle nous ôte de ce monde,
ou qu’Elle ôte le monde de nos cœurs !
Qu’Elle nous fasse mourir,
ou qu’Elle nous fasse mieux aimer la mort
que notre pauvre vie !
(S. François de Sales)