Pourquoi s’indigner
comme si nous étions privés de quelque chose qui nous appartienne
et plaindre les défunts
comme si on leur eût fait tort ?
Mets-toi dans l’esprit
que ton fils n’est pas décédé
mais restitué ;
que ton ami n’est pas mort,
mais qu’il est parti en voyage,
qu’il t’a un peu devancé sur la route...
Pourquoi n’es-tu pas habitué à penser en mortel
au sujet d’un mortel
et peux-tu regarder la mort de ton enfant comme imprévue ?
Lorsque te fut annoncée la naissance de ton fils,
si on t’avait demandé la nature du nouveau-né,
qu’aurais-tu répondu ?
Qu’aurais-tu dit,
sinon que c’était un homme ?
Mais, si c’est un homme,
c’est donc un mortel.
Qu’y a-t-il d’extraordinaire si un mortel est mort ?
Ne vois-tu pas que le soleil se lève et se couche ?
que la lune croît pour décroître ensuite ?
que la terre verdit,
puis se dessèche ?
Qu’est-ce qui est stable de ce qui nous entoure ?
Qu’est-ce qui est de nature fixe et immuable ?
Regarde le ciel et la terre
eux non plus ne sont pas éternels.
(Saint Basile le Grand, Docteur de l’Église grecque.)