Ma grande épreuve,
elle dure encore
et durera jusqu’à ma mort,
et j’en remercie le bon Dieu de toute mon âme,
c’est l’exil du cœur,
l’isolement du cœur.
Lorsque, après un long travail
et un long combat sur son intérieur,
on est parvenu,
avec le secours de la grâce,
à se détacher à peu près de tout le créé,
il se creuse dans l’âme
un immense abîme,
que Dieu seul peut combler.
Sans doute, dans cet état de dépouillement,
Dieu Se donne à l’âme d’une manière très intime
et bien propre à la dédommager largement
de tout ce qu’elle a abandonné pour Son Amour.
Mais le désir de Dieu est si grand,
si profond,
si insatiable,
que les communications divines
par lesquelles Dieu Se verse ainsi dans cette âme
ne sont pas capables d’apaiser cette soif de Dieu,
ce besoin infini qui la consume.
Elles ne font, ce semble, au contraire,
que l’augmenter,
de telle sorte que, tout en étant soulagée
et nourrie par ce don abondant que Dieu lui fait de Lui-même,
l’âme en éprouve en quelque sorte une faim immense.
Et tout son bonheur serait de pouvoir s’en rassasier pleinement.
Mais ce plein rassasiement n’est qu’au Ciel.
Aussi l’âme y aspire-t-elle
de toute la plénitude de ses désirs,
non pas tant pour y être heureuse
que pour s’unir parfaitement
et irrévocablement par l’amour
au seul objet qu’elle aime,
c’est-à-dire à son Dieu.
(R.P. Jean Lyonnard, s.j.)