Judas, ayant montré à découvert
ce qu’il était,
ne perdit pas de temps pour effectuer sa malice.
Il alla trouver les prêtres,
et s’entendit avec eux
pour leur livrer son Maître
à un prix convenu.
Notre-Seigneur voyait tout ce qui se passait en lui :
Il vit Satan frapper à la porte de son cœur,
y être admis
et reçu
comme un hôte intime
et honoré.
Il vit Judas aller trouver les prêtres
et entendit leur conversation.
Il avait tout vu
par sa prescience
durant tout le temps que Judas avait passé dans Sa société,
et dès le moment où Il l’avait choisi.
Les choses que nous savons vaguement
comme appartenant à l’avenir,
nous affectent d’une manière bien plus vive
et différente
quand elles deviennent actuelles.
Notre-Seigneur avait enfin éprouvé
la cruauté
de l’ingratitude
dont Il était l’objet
et la victime.
Il avait traité Judas
comme un de Ses amis
les plus familiers ;
Il lui avait donné les marques
de l’intimité la plus étroite ;
Il en avait fait Son intendant
et celui de Ses Apôtres.
Il lui avait accordé
le pouvoir de faire des miracles,
Il l’avait admis à la connaissance
des mystères du royaume du Ciel.
Il l’avait envoyé prêcher
et avait fait de lui
l’un de Ses représentants spéciaux,
de telle manière que les fautes du serviteur
dussent rejaillir sur son Maître.
Un païen,
frappé par un ami,
s’écria :
« Et toi aussi, Brutus ! ».
Quelle désolation
implique le sentiment de l’ingratitude !
Dieu, qui la rencontre chaque jour,
ne peut pas la ressentir dans Sa Nature bienheureuse.
Il a pris un cœur humain
afin de pouvoir l’éprouver dans sa plénitude.
Cardinal Newmann.