Si l’on se souvenait de la vie future
et des espérances chrétiennes,
si l’on ne méconnaissait pas l’efficacité souveraine
de la douleur
pour l’embellissement de l’âme
et l’accroissement de nos mérites
en vue de la vie future,
est-ce que l’on gémirait encore
d’avoir à souffrir ?
Est-ce que, plus conscients de nos intérêts véritables,
nous ne chanterions pas plutôt
comme ce lépreux :
« Oh ! Dieu que j’aime,
« soyez béni !
« Soyez béni dans le sentiment de répulsion
« et de dégoût que j’inspire à chacun !
« Soyez béni dans mon isolement
« et ma détresse !
« Soyez béni dans l’intelligence que Vous m’avez donnée
« de Vos bontés,
« de Vos tendresses,
« de Votre amour !
« Soyez béni dans mon âme,
« qui s’est fixée en Vous
« et que Vous soutenez ineffablement !
« Soyez béni dans mon corps,
« qui tombe en ruines,
« mur de boue
« et de sanie,
« qui nous sépare
« et que Vous effondrez
« pour me permettre de Vous rejoindre !
« Soyez béni partout
« et toujours,
« ô Vous, le seul être qui ne m’avez point repoussé,
« qui peuplez ma solitude
« et qui remplirez mon Éternité !
« Soyez béni !… »
La vie est un combat,
une souffrance,
un effort.
Et c’est pourquoi il entre dans le plan sauveur :
des luttes pour repousser les ennemis de notre salut,
des douleurs pour transfigurer notre âme,
des efforts pour atteindre les hautes cimes de la perfection morale.
(Chanoine Bernies)