Quand l’âme entre dans l’autre monde,
le corps l’a quittée,
l’ennemi de la conscience
a évacué le territoire de la substance de l’âme,
celle-ci tout immatérialisée
devient limpide comme le cristal
au regard de l’intelligence.
On se connaît alors d’une façon totale,
on voit l’essence de l’âme
et tous les vestiges accumulés par les années,
les traces laissées par toutes les actions bonnes
ou mauvaises
apparaissent.
Chacun peut constater les ruines qu’il a entassées en lui,
les réparations qu’il a essayées
ou accomplies ;
chacun, d’un seul regard,
fait le bilan de son existence.
C’est donc grâce à la faculté que l’âme possède de se retourner sur elle-même,
de sonder ses replis,
c’est, d’autre part, grâce à la limpidité absolue qu’elle a acquise
par la séparation d’avec le corps,
qu’elle peut connaître,
qu’elle connaît parfaitement toute son existence.
Sa substance est un livre
où ses actions sont inscrites ;
sa conscience,
le regard qui lit ce livre.
Livre de vie,
s’il n’y a que des actions bonnes
ou suffisamment réparatrices ;
acte terrible d’accusation,
si ces actions furent mauvaises et coupables.
(Mgr Jean-Arthur Chollet, archevêque de Cambrai de 1913 à 1952)