Les grands hommes
sont ceux qui font avancer les affaires de la Vérité
et de la Charité ;
il n’y a même que ceux-là
de véritablement grands.
C’est dans ce sens que saint Ambroise mérite éminemment
le nom de Père de l’Église ;
car il a réellement engendré dans le Christ
une génération nouvelle,
une famille,
une Église.
L’Église dont il est le Père,
c’est l’Église puissamment
et fortement constituée qui,
seule vivante au sein de la dissolution générale de l’empire,
allait conquérir
et discipliner
les barbares ;
c’est l’Église du Moyen-Âge
avec son droit Chrétien,
sa prérogative publique du Sacerdoce,
son influence législative,
ses institutions religieuses,
sa tutelle du pauvre
et du peuple opprimé,
ses œuvres de charité,
ses libertés surtout,
liberté de conscience pour le service de Dieu,
liberté de remontrance
et de résistance,
aux pouvoirs oppresseurs,
liberté d’apostolat
et de dilatation.
Il y a en germe, dans la vie et dans les œuvres de saint Ambroise,
toute la constitution de cette chrétienté nouvelle,
tout le code qui régira plus tard cette terre promise,
que le législateur ne peut saluer que de loin avant de fermer les yeux.
« Quand on est le premier d’une chose, dit un grand écrivain,
« on lui donne l’impulsion,
« et elle va sous ce premier coup. »
Saint Ambroise fut certainement un de ces hommes premiers :
tout un monde procède de lui.
(Mgr Baunard, auteur d’une magistrale Histoire de saint Ambroise)