Quand, en apprenant les grâces que Dieu fait à certaines âmes,
on sent, en quelque sorte qu’on leur porte envie,
c’est-à-dire qu’on voudrait être comme elles
unies parfaitement à Dieu,
ce mouvement est bon :
car on ne veut pas dire par là
qu’on souhaitât de leur ôter leur grâce pour l’avoir ;
puisqu’on sait que Dieu est assez riche
pour nous donner tout ce qu’Il voudra,
sans avoir besoin, comme les hommes,
de rien refuser
ni de rien ôter aux autres.
On peut même en quelque façon désirer d’aimer Dieu
plus que les autres ;
et c’est à quoi Jésus-Christ semble avoir sollicité saint Pierre,
en lui disant : « M’aimez-vous plus que ceux-ci ? »
Il faut toutefois observer que saint Pierre n’osa répondre :
Oui, je Vous aime plus qu’eux, mais seulement :
« Vous savez que je Vous aime. »
On peut désirer, en un certain sens, d’aimer plus que les autres
et plus même, s’il se pouvait
que les Séraphins,
pour exprimer que quelque amour que l’on puisse avoir,
on n’en aura jamais autant
que Dieu en mérite.
(Mgr Bossuet)